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La vie est faite d'imprévus, de coïncidences et de rencontres insolites.
Si je n'avais pas fait un petit tour sur le miaou jeudi après-midi, ce
dimanche 27 Avril 2003 n'aurait sans doute pas été ce qu'il a
été. Lancée en l'air presque nonchalamment, l'idée
de faire une petite balade à moto dimanche en comité réduit
a suffit à rallumer une petite lueur d'envie dans nos yeux fatigués
par une semaine de boulot... un Jul rêveur, réfléchissant
déjà au road-book, une Zulie enthousiaste, négociant une
petite place en passagère sur la Schtroumpfette, et un Bilou impatient,
bavant sur son clavier rien qu'à l'idée de retrouver les virolos
des Pyrénées. Rendez-vous était pris pour dimanche matin,
chez Jul, pour un départ à l'aube.
Un peu avant 8 heures, j'arrivais chez Jul et sonnais à l'Interphone.
Mes compagnons de routes n'attendaient plus que moi, déjà préparés
et habillés pour notre escapade dominicale. Tout juste le temps de refiler
mon sac à dos à Zulie et nous voilà déjà
en bas, sur nos bécanes. Delph est bien sûr de la partie, son Mostro
noir se joignant à la SS rouge de Jul et à ma Dayto grise. Deux
belles Italiennes et une anglaise, noir rouge et grise, aux couleurs de Toulouse...
promis on l'a pas fait exprès. Une petite balade entre européennes,
comme quoi les MT aussi ont leur « Nice People » (arf ! tchi poum
tchi poum tchi poum)...
L'air frais du petit matin nous accompagne pendant quelques dizaines de kilomètres,
sur le trajet assez rectiligne passant par Ste-Foy puis Lombez. Un peu plus
loin, la route qui nous emmène jusqu'à Seissan devient plus sinueuse,
le rythme des virolos s'accentue progressivement, et on atteint en peu de temps
Masseube pour la halte p'tit déj'. Mais un dimanche à la campagne,
tout est fermé... Qu'à cela ne tienne, le p'tit déj' attendra
jusqu'au prochain bled. On trouve quand même une station essence ouverte
pour faire le plein des italiennes sous le regard endormi du Mabrouk de service.
Pas un nuage à l'horizon, la lumière du jour devient plus franche
et la petite route qui nous mène jusqu'à Boulogne achève
de chauffer les pneus. Ce coup-ci, le ton est donné : c'est virolo-day
!
P'tit déj' à Boulogne dans un troquet. A la télé,
une demi-finale de pétanque, sur la table trois chocos et un café.
Malgré l'insoutenable suspense et l'attraction hypnotique qu'exerce sur
nous la rencontre titanesque des équipes Casquette et Ricard autour d'un
cochonnet, on ne s'attarde pas et on repart à l'assaut des petites routes.
Arrivés sur un plateau, les Pyrénées s'étalent en
panoramique juste en face de nous... c'est tout simplement magnifique. Jul tend
le bras sur la droite : il nous montre un panneau « tournants, 2km »,
plonge sur son guidon et balance sa brêle dans le premier virage. Arf,
on n'est pas prêt de le revoir ! Plus loin, alors que j'avais réussi
à le rattraper à la force d'une persévérance et
d'une détermination acharnée, une vision d'épouvante nous
contraint Jul et moi-même à reconsidérer in extremis nos
trajectoires un peu avant la sortie d'un droite sans visibilité et bien
serré qu'on avait pris collés à la corde : une mamie sur
le bord droit de la route se promenait tranquillement et a dû avoir la
trouille de sa vie... nous aussi... je suppose qu'elle a dû voir nos yeux
écarquillés de terreur quand on a relevé les bécanes
pour l'éviter... toujours au chapitre des trajectoires foireuses, on
ne saurait taire une scène mémorable : à l'entrée
d'un droite, Jul sort le pied droit pour marquer une prétendue plaque
de graviers qu'il avait repérée l'avant-veille. Je ne comprends
pas son signe et j'ai un moment de doute en me disant qu'il va prendre le virage
à la SuperMotard. Ebaubi (C), j'ai un court moment d'absence, j'oublie
de freiner, de tomber le rapport qui va bien et je me retrouve dans le virage
avec une vitesse un poil optimiste... j'élargis et empiète d'un
mètre sur la voie de gauche, heureusement déserte. Grand moment
de solitude, je n'échapperai pas à un chambrage en règle
lors de la prochaine pause...
Les bleds se succèdent : Montréjeau puis Labarthe-sur-Neste d'où
nous reprenons une portion assez roulante jusqu'à Arreau, avec quelques
chicanes mobiles pour agrémenter le parcours. Le plein de la Schtroumpfette
est fait un peu avant Arreau et on ne laisse pas le temps aux pneus de refroidir
avant d'attaquer le col d'Aspin. Jul part devant, je le suis de près
alors que Delph se laisse un peu distancer, bouchonnée par quelques voitures...
arrivés à Arreau, au carrefour qui part sur la droite vers le
col d'Aspin, un gars en V-Strom qui arrivait à l'opposé nous emboîte
le pas pour l'ascension... mais pas longtemps : Jul impose son rythme et le
V-Strom disparaît bien vite de nos rétros... pourtant, on ne roulait
pas vraiment fort, ce col étant assez technique et piégeux. Mais
tellement bon ! du grand bonheur, les moteurs s'expriment et respirent à
plein poumons aux sons rauques des pots estampillés « not for road
use » (oui je sais, c'est paaaaaas bien). Les épingles s'enchaînent,
je me fends d'une petite glissouille de l'arrière à la remise
des gaz en sortie d'un droite bien serré, Zulie s'accroche, Jul ouvre
à 30 ou 40 mètres devant moi, les freins chauffent un peu, et
nous arrivons enfin au col. Nous posons les bécanes sur le bord de la
route au pied du panneau « col d'Aspin » pour la photo, enlevons
nos casques et les grands sourires que nous arborons remplacent tous les mots
que nous aurions pu dire pour traduire notre satisfaction. Une ou deux minutes
passent quand nous voyons arriver le V-Strom suivi du Mostro de Delph qui l'avait
rattrapé à mi-chemin. Le gars pose son gros twin à côté
de nous et vient nous voir... resté sans voix, son regard se perdait
entre nos brêles et nous, il s'exprimait surtout par grimaces et mimiques
incrédules pour finalement dire « Tain, ça envoie vos bécanes
». Faussement modeste bien qu'il ouvrait la route et que je ramais pour
lui tenir la roue, Jul s'est alors déchargé de toute responsabilité
en se tournant vers moi et en disant « C'est pas moi, c'est lui ! ».
Saligaud va, me mettre ça sur le dos ! j'hallucine...
Quelques photos et nous voilà repartis pour la descente... à
allure ETB approuved. Bin oui, les descentes, c'est pas tellement notre truc
: entre les freinages approximatifs des Italiennes et Zulie toujours en appui
sur le réservoir de l'anglaise à s'en casser les poignets, on
a préféré y aller mollo. Arrivés en bas, nous nous
installons en terrasse d'un café pour l'apéro. Un demi et deux
Monaco sur la table pour une photo d'art. Un peu plus loin, Lassie court après
un chat sauvage et coupe la route à un cycliste alors que Delph se demande
pourquoi une chaise isolée est posée en plein milieu de la montagne
d'en face...
« C'est quoi ces taches roses sur tes joues ?
- hmmm ? ha ça... heu, j'ai roulé visière ouverte tout
à l'heure et j'ai croisé un essaim de moucherons qui revenait
de la gay-pride... »
Jul est rêveur... l'endroit est propice à toutes sortes de divagations
et il a une révélation : il va changer de boulot. Depuis le temps
que nous tous, adeptes des virolos et du grand air, cherchons un moyen d'être
payé à faire de la bécane, ce coup-ci, on a trouvé
une idée : se reconvertir facteur dans les Pyrénées, faire
la tournée des boîtes aux lettres en MultiStrada jaune estampillée
« La Poste »... génial... on commence quand ?
Au loin, le Pic du Midi encore bien blanc nous toise du haut de ses 2800 mètres,
et nous comptons bien lui rendre une petite visite par le col du Tourmalet.
Mais arrivés à Ste-Marie-de-Campan, notre déception est
à la hauteur de nos rêves d'épingles et de lacets : au carrefour
qui part sur la gauche, un panneau nous indique que le Tourmalet est fermé.
Il faut revoir notre road-book et nous n'avons pas d'autre choix que de faire
une boucle par le nord. Nous choisissons de passer au plus court, ce qui nous
fait passer par Bagnères où nous faisons les pleins des Ducati
et ensuite par une petite départementale à moitié défoncée
mais particulièrement bucolique et amusante (la D26, à refaire
!) qui nous mène jusqu'aux abords de Lourdes où nous nous arrêtons
sur une aire de pique nique pour déjeuner au soleil. Delph nous avait
préparé quelques dwichmanches, accompagnés des bières
bien fraîches que Zulie avait trimballées dans le sac à
dos... hé oui Zulie, c'est pour ça qu'il était lourd mon
sac à dos. Ces trois incrédules n'avaient pas voulu me croire
quand je leur avais dit en partant que j'avais pris des binouzes pour midi...
tsss tsss, je ne plaisante jamais avec ces choses-là !
Quelques pâquerettes cueillies par Delph arborent nos casques à
Zulie et moi-même... et c'est ainsi qu'une Schtroumpfette se retrouve
baptisée « Miss Daisy » (ami lecteur, vérifie par
toi-même dans un dico que daisy ça veut dire pâquerette).
Un petit bout de nationale pour digérer jusqu'à Argelès
et c'est reparti pour un festival de virolos. On enquille avec enthousiasme
la route jusqu'à Luz-St-Sauveur et nous faisons une petite halte sur
le pont Napoléon. Là, un martien égaré subit d'atroces
outrages, j'en avais mal pour lui... Il ne pourra plus se reproduire (ami lecteur,
laisse tomber : private joke
). Gavarnie n'est plus très loin, une vingtaine dekilomètres au
plus, et nous découvrons la petite route qui y monte : un pur moment
de bonheur, avec des enchaînements de virages qu'il n'est pas possible
de passer autrement qu'en balançant littéralement la moto d'un
bord à l'autre, copieusement en appui sur les guidons et en léger
sur-régime... C'est avec une gigantesque banane qui nous fait bien deux
fois le tour de la tête que nous arrivons à Gavarnie, à
deux doigts de craquer et se la refaire, juste pour le plaisir. Rhaaaa, trop
bon. Et cette vue fabuleuse en arrivant : le Gavarnie Magic Circus... c'est
vraiment magnifique ce site, on en reste ébloui devant tant de splendeur.
Dire qu'à un moment on a hésité à venir jusque là,
on aurait raté quelque chose !
Comme on a encore un peu de temps devant nous, nous poussons jusqu'à
la station de ski un peu plus loin, où nous faisons une petite descente
en chenille, sous le regard d'un ours qui se buvait une petite bière
(oui je sais, ça a l'air bizarre dit comme ça mais c'est vrai...
)
De retour à Gavarnie un peu avant 16 heures, nous nous posons au soleil
près de la fontaine d'eau de source (heu non Thierry, celle-là
elle titre pas 40 degrés) en attendant nos trois invités surprises,
à savoir Xavier, Choupy et Atoyot. Un vrombissement sourd se fait entendre
au loin, puis se rapproche... aucun doute possible, la 996 de Xavier est sur
le point d'arriver, suivi un peu après d'Atoyot au guidon de Pastis,
son nouveau SVS tout jaune. Arrivés à 16 heures pile, comme prévu,
ils avaient passé une partie de la matinée à Nogaro et
nous les avions invités à nous rejoindre pour faire la route du
retour à Toulouse ensemble... Partis à trois motos, nous en sommes
maintenant à cinq, et mon trois pattes se sent un peu seul parmi ces
quatre V-Twins. Mais je me rassure en me disant que le Pastis japonais doit
ressentir quelque chose d'équivalent au milieu de toutes ces européennes...
Mais il faut maintenant penser au retour... 16 heures passées et on n'en
est qu'à la moitié du road. Il allait manifestement falloir gazer
un poil pour rentrer, éviter les détours, et ne pas faire trop
de pauses. Dont acte. Nous reprenons la route du bonheur jusqu'à Luz,
et alors que j'ouvre la route, dans un droite bien bien bien serré mais
qui n'en avait pas l'air, je me sors d'un gros mètre. Juste derrière
moi, Jul force comme un âne pour rester à l'intérieur de
la ligne blanche, et Xavier se fait surprendre également : une belle
sortie pour lui aussi. Et voilà, on va encore se faire chambrer
! La route continue jusqu'à Lourdes pour une petite pause clope puis
Tarbes pour un arrêt essence. La fatigue de la journée commence
à se lire sur nos visages mais c'est sans doute de savoir que les Pyrénées
et ses virolos sont derrière nous qui nous entame notre enthousiasme.
Pour l'anecdote, nous avons croisés à Tarbes deux parfaits spécimens
de kékés qui roulaient en T-Shirt et même en bermuda pour
l'un d'entre eux. Inutile de dire qu'on les a superbement ignorés quand
ils nous ont salué. Non mais.
De Tarbes, nous traçons direct vers Trie-sur-Baïse (oui oui, y'a
un tréma à Baïse sinon ça se prononce par pareil)
par une route très roulante mais avec quand même des portions avec
de grands enchaînements viroleux où ça angle sévèrement,
puis Mirande où nous investissons un troquet gardé par un chewbaca
à quatre pattes. Il était temps qu'on s'arrête d'ailleurs
: nos passagères n'en peuvent plus, les poignets commencent à
tirer, et moi j'ai soif. On reste là une bonne demi-heure à récupérer
avant les 90 derniers kilomètres qui nous séparent de Toulouse.
Choupy est fracassée, la 996 en passagère c'est pas ce qu'on fait
de plus confortable, Atoyot accuse un peu le coup avec à la fois une
nouvelle bécane et une reprise des grosses balades mais il tient le coup,
Xavier Jul et Delph sont encore parcourus des vibrations de leurs ducati, Zulie
est zen, et moi j'ai soif (je l'ai déjà dit, non ?)
Le jour commence à décliner et la lumière rasante du soir
éclaire de ses derniers rayons les Pyrénées que nous voyons
encore par moments sur notre droite quand nous passons sur les plateaux aux
alentours de Seissan. Un dernier clin d'oeil aux Pyrénées, comme
pour se promettre qu'on y reviendra bientôt, quand le Tourmalet sera ouvert,
et nous arrivons à Tournan pour enfin atteindre Lombez puis St-Lys pour
un dernier arrêt clope avant Toulouse.
Arrivés de nuit à Blagnac vers 21 heures après 545 bornes
de cavalcade intensive, nous trouvons un resto ouvert pour finir ensemble cette
journée autour d'un petit apéro et d'un repas tous deux bien mérités.
User des pneus, brûler de l'essence juste pour le plaisir, partager une
pizza en terrasse, les bécanes garées en vrac pas loin de là...
la Vie, quoi !
Merci à vous tous, les adeptes du V-Twin, j'ai passé une journée
inoubliable (une de plus) en votre compagnie.
Bilou.
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