» Le Positionnement
Rouler en quinconce permet
d'augmenter le niveau de sécurité. En effet, en cas de besoin,
on peut se mettre à côté de la moto qui précède.
Ce n'est absolument pas une raison pour réduire les distances de
sécurité. La distance de sécurité se détermine
en fonction de la moto qui vous précède immédiatement,
pas de celle qui est devant vous sur le même côté de
la voie. Vous devez considérer que la moto qui vous précède
occupe toute la largeur de la voie, pas qu'elle vous laisse de la place.
En effet, le motard qui vous précède doit pouvoir se décaler
pour éviter un nid de poule, prendre une trajectoire, ou éviter
une voiture qui empiète sur la voie. L'espace supplémentaire
offert par la quinconce ne sert qu'à deux choses: offrir une meilleure
visibilité, et garantir une large distance de sécurité
en cas de freinage d'urgence. De votre côté, il n'est pas
impératif de conserver la quinconce. Si vous devez éviter
quelque chose, n'hésitez pas à changer de côté
temporairement. Par contre, ne le faites pas sans nécessité,
c'est une question de courtoisie vis-à-vis du motard qui vous suit
(quand vous changez de côté, vous limitez sa vision, et vous
l'obligez à un surcroît de concentration, donc de stress
et de fatigue). Dans le cas d'un freinage d'urgence, il est par contre
impératif de ne pas se décaler. Le motard qui vous suit
s'est peut-être fait surprendre et il aura alors réellement
besoin de l'espace à côté de vous. Pour se décaler
lors d'un freinage d'urgence, il faut y être absolument obligé
(pour éviter une voiture par exemple). Sinon, vous prenez inutilement
le risque de vous faire rentrer dans le derrière.
La file indienne est généralement à
proscrire. On peut cependant la préférer à la quinconce
sur les routes viroleuses (nécessitant de prendre des trajectoires),
quand il y a suffisament peu de traffic pour y rouler à allure
relativement soutenue. Mais on n'emploie la file indienne qu'à
la condition expresse d'avoir de larges distances de sécurité
entre chaque moto.
En ville, quand la vitesse est très faible, on
peut réduire les distances de sécurité, en les calculant
en fonction de la moto qui emprunte le même côté de
la file. Il reste cependant interdit d'empiéter sur l'espace libre
à côté de la moto qui précède (sauf
à l'arrêt bien sûr, mais cela implique de ne pas tous
démarrer en même temps quand le feu passe au vert). Réduire
les distances de sécurité oblige tout le monde à
un supplément de concentration, mais en contrepartie, cela aide
à conserver le groupe entier (plus le groupe est compact, moins
il a de chances d'être coupé en deux par un feu rouge). Quand
le groupe est petit (5 ou 6 motos), on peut jouer à l'élastique
sur les grands boulevards avec peu de feux: distances de sécurité
plus importantes entre les feux, quand la vitesse est relativement élevée,
et plus faible à l'approche des feux. Cela implique que le meneur
du groupe ralentisse à l'approche d'un feu vert, et que les derniers
motards assument un stress supplémentaire en accélérant
pour recoller au groupe quand le meneur vient de passer un feu vert, pour
éviter qu'il ne passe au rouge avant leur passage. Ce n'est pas
à la portée des débutants, et n'est envisageable
que pour traverser une petite ville (sinon, ça devient trop fatigant
et le risque est trop grand).
Sur route ou autoroute, augmenter les distances de sécurité
permet de diminuer le stress. Cela permet de profiter du paysage et de
limiter la fatigue. A l'opposé, les réduire facilite la
conservation de l'unité du groupe, avec un stress plus important.
Il ne faut jamais rouler longtemps avec des distances de sécurité
réduites, même sur autoroute où le risque de freinage
est faible. Cela entraîne à la longue un effet de fascination
sur le feu arrière du motard qui vous précède, qui
peut vous empêcher de voir un danger à temps. En cas de freinage
violent en tête de groupe, on risque le carambolage. Ce phénomène
de fascination est beaucoup plus prononcé de nuit, mais il existe
aussi de jour. Ne le négligez pas, et forcez vous à regarder
régulièrement autre chose que la moto qui est devant vous.
» Expérience
Dans l'idéal, il
ne faudrait rouler en groupe qu'entre motards expérimentés
qui se connaissent bien entre eux. En pratique, ce n'est quasiment jamais
le cas. Il y a toujours au moins un débutant, ou au moins un motard
qui n'a pas l'habitude de rouler avec les autres. Le cas du débutant
est le plus délicat. Il est préférable de l'entourer
de deux motards expérimentés ayant l'expérience du
groupe, chargés de protéger le débutant. Celui qui
précède devra éviter de semer le débutant,
pour qu'il ne soit pas tenté de "forcer son talent",
il lui suffira de rouler un peu plus vite dès qu'il y aura une
ligne droite bien dégagée pour raccrocher le groupe, et
si l'occasion ne se présente pas, le meneur du groupe devra en
tenir compte et ralentir. Il devra aussi veiller à calculer ses
dépassements afin que le débutant puisse lui emboîter
le pas systématiquement (ceci n'oblige pas le débutant à
dépasser s'il ne "sent" pas la manoeuvre, c'est au contraire
pour lui éviter de se trouver limite s'il emboîte le pas
machinalement). Le motard qui suit le débutant veillera aussi à
sa sécurité, en restant assez proche pour éviter
qu'une voiture ou un autre motard ne vienne se mettre entre eux, et éventuellement
lui sucer la roue (ce qui est toujours inquiétant, surtout pour
un novice). Sur autoroute ou 4 voies, il devra aussi déboiter avant
le débutant pour lui faciliter le passage, et ainsi limiter les
contrôles avant dépassement du débutant. Ainsi, le
débutant sera "assisté", ce qui limitera son stress
et sa fatigue, afin de lui permettre de rouler en sécurité
sur des trajets plus longs que ceux dont il a l'habitude quand il est
seul. Dans le cas où il y aurait plusieurs débutants, il
est préférable d'intercaler entre eux des motards expérimentés,
pour éviter que certains suivent l'exemple plus ou moins mauvais
d'un autre débutant qui est devant lui.
Le cas du motard expérimenté
qui ne connait pas le groupe est plus facile à gérer. Il
suffit de le mettre en seconde position, juste derrière le meneur
du groupe. Dans tous les cas où il y a des non-habitués
au groupe ou des débutants, la consigne doit être que personne
ne change de place, sauf nécessité absolue (par exemple,
si quelqu'un tombe en panne, la moto balai peut remonter pour arrêter
le meneur, si ce type de comportement a été défini
au départ). Notez qu'il y a des techniques de roulage en groupe
qui n'obligent jamais à changer les positions, quelles que soient
les circonstances. Nous verrons cela un peu plus loin.
Le meneur du groupe doit-il rouler à
gauche ou à droite de sa file ? Il n'y a pas de règle absolue,
cela dépend des circonstances. Néanmoins, dans la plupart
des cas, il roulera de préférence à gauche, prêt
à entamer un dépassement. Par contre, si le rythme du groupe
est lent et qu'il est plus probable que le groupe soit dépassé
par les voitures que le contraire, il pourra rouler à droite, à
son choix. C'est également possible sur autoroute déserte.
L'idée est la suivante: beaucoup de manoeuvres obligent un motard
à se décaler vers la gauche (dépassement, tourner
à gauche). Si le motard de tête roule à droite de
sa file, la moindre préparation de dépassement va inverser
la quinconce, ce qui amène un flottement dans la totalité
du groupe, ce qui n'est pas souhaitable à un moment où précisément
tout le monde doit ralentir (avant de dépasser ou de tourner à
gauche). Le motard de tête peut donc rouler à droite, mais
seulement s'il estime qu'il va pouvoir conserver cette position pendant
pas mal de kilomètres, ce qui est rarement le cas. Dans le doute,
il vaut mieux qu'il roule toujours à gauche.
» La Signalisation
En matière de signalisation,
il arrive que certaines motos du groupe soient dépourvues de clignotants
(ou aient des clignotants quasi-invisibles). Ces motos ne doivent être
placées ni en tête de groupe, ni en queue, ni devant un débutant.
Il ne doit pas non plus y en avoir deux qui se suivent, au risque de rendre
invisible un changement de direction à la queue du groupe. En cas
d'ampoules grillées (ça peut arriver), on observe les mêmes
règles, on ne met pas un code grillé en tête de groupe,
ni un feu arrière grillé en queue ou devant un débutant.
Si certaines motos disposent de warnings, il est préférable
d'en mettre une en queue, surtout la nuit, au cas où il serait
nécessaire de s'arrêter au bord d'une route (panne par exemple),
ou en cas de gros ralentissement sur l'autoroute. Comme l'expérience
montre que la plupart des motos avec warnings sont à la fois puissantes
et pilotées par des motards expérimentés, cela ne
doit pas poser de problèmes (le motard balai doit être rompu
à la conduite en groupe).
Les signes qu'on peut employer sont nombreux.
Les appels de phares ne doivent être destinés qu'à
attirer l'attention du motard qui précède (pour engueuler
quelqu'un qui arrive en face en pleins phares, c'est au motard de tête
de s'en charger, et à lui seul). Par exemple, on peut employer
les appels de phares si on s'apprête à doubler un autre membre
du groupe (car c'est une manoeuvre inhabituelle, normalement proscrite
dans un groupe). Si on s'est mis d'accord auparavant, un bref appel de
phare peut indiquer de nuit au motard qui précède qu'il
peut déboîter devant vous (vous le protégez, et ainsi
il est sûr que ce n'est pas une moto extérieure au groupe
qui va le dépasser). Des appels répétés et
insistants veulent dire que vous allez doubler. De jour, on peut employer
des signaux manuels, pour indiquer qu'on souhaite inverser la position
avec le motard qui vous précède, ou qu'on veut se laisser
dépasser, ou entraîner quelqu'un derrière soi quand
on dépasse et qu'on sait qu'il peut suivre sans danger alors qu'il
manque de visibilité (cas de certains virages à droite).
On peut aussi signaler à quelqu'un qu'il a oublié de mettre
son phare (poing fermé et ouvert plusieurs fois), de ralentir (main
à plat de bas en haut), qu'on a presque plus d'essence (pouce désignant
le réservoir), etc. Normalement, les signaux manuels sont inutiles
pour rouler en groupe. La preuve, la nuit ils sont inutilisables et ça
n'empêche pas de rouler. C'est juste une aide ponctuelle dans certains
cas exceptionnels.
» L'Art du Dépassement
Pour dépasser une
file de voiture tout en restant groupé (cas fréquent sur
nationale chargée), il existe une procédure stricte (c'est
presque une cérémonie) qui permet de le faire en toute sécurité.
Le premier effectue son dépassement. Jamais plus de 2 ou 3 voitures
à la fois, mais en général une seule. Toujours une
seule s'il y a des motards débutants dans le groupe. Après
avoir dépassé, il se rabat bien à droite, afin de
laisser une place moto à côté de lui au second du
groupe. Quand le second est arrivé (éventuellement à
côté du premier s'il n'y a pas la place pour 2 motos + les
distances de sécurité entre les voitures et chacune des
motos), on marque un temps d'arrêt, le temps nécessaire pour
que de l'espace se crée entre les voitures. Pendant ce temps, le
second motard se laisse distancer légèrement par le premier,
ce qui aide à créer l'espace vital. A ce moment, on "croise":
le premier motard se décale vers la gauche pour préparer
le dépassement suivant. Le second se décale vers la droite
pour rester en quinconce. Le premier motard double à nouveau. Le
second reste à droite sans chercher à doubler rapidement.
Il ne doit pas encore se rapprocher de la voiture qu'il suit au cas où
le premier devrait renoncer au dépassement. A ce moment, dès
que le troisième motard (toujours derrière) voit le premier
déboîter, il double à son tour, et se rabat à
côté du deuxième. Les motards 2 et 3 se retrouvent
en situation familière, procèdent au croisement, le second
motard peut alors rejoindre le premier qui l'attend, pendant que le quatrième
rejoint le troisième. etc, etc.
Cette technique éprouvée permet
de faire progresser relativement rapidement un groupe, sans créer
de problèmes de sécurité. On perd du temps car chaque
motard ne double qu'une fois sur deux, mais c'est beaucoup plus sur que
si chacun doit faire son trou, derrière des voitures qui freinent
pour laisser la place au motard de devant. Les deux premiers motards doivent
être les plus expérimentés, les plus sages aussi,
et tenir compte des accélérations de la machine la moins
puissante qui les suit (afin d'éviter autant que possible de devoir
renoncer à un dépassement engagé). Ainsi, les motards
de numéro impair peuvent tous doubler en même temps, les
motards pairs doublent également tous en même temps. Chacun
doit simplement tenir sa place dans le cortège et respecter le
protocole. Par contre, par signe, deux motards ensemble dans le même
trou peuvent facilement échanger leurs places (pair ou impair)
d'un simple signe. Il suffit de ne pas croiser. Cela permet de se laisser
dériver en queue ou de remonter le groupe pour passer un message
au premier (genre: on doit s'arrêter à la prochaine station).
Il est utile également de relayer de temps à autre le premier
motard du groupe, car c'est lui qui assume la plus grosse tension nerveuse
parce qu'il a la lourde tâche de créer les trous entre les
voitures, chose que les autres n'ont pas à faire car ils sont toujours
certains de trouver une place toute chaude qui les attend. Dans ce schéma,
seuls les deux premiers motards décident des dépassement,
les autres n'ont qu'à suivre, ce qui est reposant nerveusement.
Bon, ça ne dispense pas de juger soi-même si un dépassement
est encore possible, ce qui peut varier, surtout pour les derniers. Il
est également utile de mettre en queue un motard expérimenté
avec une machine puissante pour qu'il puisse servir de moto-balai. Ainsi,
il pourra remonter rapidement tout le groupe pour faire s'arrêter
le premier.
Quand la circulation est peu chargée,
on peut doubler de façon moins réglée. Dans ce cas,
si le motard qui double estime qu'il est seul à pouvoir doubler,
et qu'il ne faut pas le suivre, il reste à droite de la file de
gauche, afin de pouvoir se rabattre plus rapidement une fois son dépassement
terminé. Le motard suivant n'entamera pas son dépassement
à la suite, et ne sera pas non plus tenté de le faire faute
de visibilité. Par contre, s'il n'y a rien en face, le premier
motard qui dépasse se décalera complètement à
gauche, ce qui ne le met pas en danger puisqu'il a tout son temps, mais
permet au motard suivant d'obtenir une visibilité totale sur ce
qui arrive en face, et ainsi l'inciter à dépasser dans la
foulée si c'est possible. On peut ainsi dépasser par groupes
de deux, parfois trois ou quatre quand les conditions sont idéales
(mais uniquement avec des motards expérimentés qui ont l'habitude
de faire cette manoeuvre ensemble). Dans ce schéma, il est particulièrement
important que chaque débutant soit précédé
et suivi par deux motards expérimentés. Ce type de signe
n'a pas besoin d'être connu de tous les membres du groupe pour être
employé; il est explicite car basé sur la visibilité
laissée ou non au motard suivant, car quand on ne voit pas devant,
on ne double pas, c'est bien connu. Néanmoins, il est impossible
de suivre dans un dépassement un motard qui reste toujours à
droite de la file de gauche, ce qui fait perdre un peu de temps.
» Un Roulage Harmonieux...
D'une façon générale,
soyez gracieux. Faites en sorte que la progression du groupe soit agréable
à regarder. Grâce et Harmonie sont les mamelles de la conduite
en groupe. Ca parait curieux dit comme ça, mais c'est beaucoup plus
important qu'il n'y parait au premier abord.
Pour obtenir cet "effet", il faut
rouler sans brutalité, régulièrement espacés
et sans grandes variations d'allure. Les motards expérimentés,
régulièrement répartis dans le groupe, sont garants
de cette harmonie, en n'effectuant que des manoeuvres parfaitement logiques
et prévisibles par ceux qui les suivent. Si vous parvenez à
rouler en groupe de cette façon, cela signifie que toutes les manoeuvres
sont connues et comprises de tous. Qu'aucun comportement n'entraîne
de surprise, et que la discipline règne. Cela permet aussi de forger
plus rapidement l'expérience des débutants, qui suivront ainsi
un bon exemple. Cette "beauté du geste", purement gratuite
en apparence, est en réalité la garantie d'un très
haut niveau de sécurité, d'un stress réduit pour chaque
motard du groupe, et donc d'une fatigue nerveuse minimale, même à
allure soutenue et/ou sur longs trajets.
Notez que cette harmonie est impossible à
obtenir quand les distances de sécurité ne sont pas respectées,
que la quinconce est approximative, et que les arsouilleurs ne pensent qu'à
en découdre, toutes choses qui mettent la sécurité
du groupe en péril. Autre avantage, si une moto est équipée
d'une caméra embarquée, ça fera un film superbe dans
les petites routes de montagne ! ;-))
» Ne Perdre Personne !
Dernier point: comment
ne perdre personne. Ceux qui ont emmené des groupes importants
savent à quel point c'est difficile, combien sont nombreuses les
occasions de perdre quelqu'un. On va dire qu'il existe deux familles de
techniques. Les techniques de roulage "a vue", et les techniques
d'orientation "sans visibilité". Dans le premier cas,
on essayera de conserver tous les motards en vue les uns des autres (chaque
motard doit voir au moins celui qui le précède et celui
qui le suit). C'est ce qui demande le moins d'organisation préalable,
mais le plus d'attention quand on roule. Les techniques "sans visibilité"
reposent sur un organisation stricte du voyage, avec des procédures
qui doivent être connues de tous les membres du groupe, sans aucune
exception.
Pour rouler "à vue", il
existe une technique simple et efficace. Celui qui ne voit plus le motard
suivant s'arrête. Celui qui le précède finira bien
par s'apercevoir de son absence, et s'arrêtera aussi, et ainsi de
suite jusqu'au meneur du groupe. C'est la technique de base. Dans la pratique,
celui qui s'aperçoit que la queue du groupe s'est arrêtée
met son cligno à droite et fait des appels de phares pour indiquer
le problème, et tout le début du groupe s'arrête ensemble
dès que possible. Ainsi, on reste toujours en vue, même si
le groupe est séparé par un feu rouge. Attention, il y a
un cas qui peut poser problème, c'est quand un motard étranger
au groupe s'intercale au milieu. C'est rare (en général,
si un motard double les derniers, c'est qu'il roule plus vite que tout
le monde, donc qu'il va dépasser tout le groupe), mais ça
peut arriver, en particulier quand on sort d'une ville qu'on vient de
traverser (certains motards vont s'immiscer dans le groupe à l'intérieur
de la ville, et une fois sorti vont rouler au même rythme que vous).
Il sera difficile de faire la différence entre un membre du groupe
et un autre motard qui roule à la même vitesse que le groupe,
surtout la nuit. Pour éviter ce genre de problème, il est
impératif que le motard balai connaisse le parcours, et soit capable
de mener à bon port une queue de groupe décrochée
à cause de ça.
Pour les techniques sans visibilité, il y en a plusieurs possibles.
On peut rouler en sous-groupes réduits avec dans chaque sous-groupe
un meneur qui est au courant de la totalité du trajet, des points
de rendez-vous et des haltes prévues par les autres (tous les sous-groupes
n'ont pas forcément la même autonomie, il peut y avoir un
sous-groupe de GT et un sous-groupe de customs par exemple). Chaque meneur
de sous-groupe est alors responsable de la cohérence de son équipe
et roule "à vue".
On peut aussi rouler en individuel, avec
la directive TDSRP (tout droit sur route principale). A chaque changement
de direction, on attend que le motard suivant soit en vue avant de repartir
dans la bonne direction. A charge pour ce motard de s'arrêter pour
attendre le suivant, et ainsi de suite jusqu'au motard balais. En cas
de doute sur ce que signifie "tout droit" (cas d'une fourche
ambigüe, ou d'une intersection entre route principale qui tourne
avec une route secondaire qui va tout droit par exemple), il suffit de
s'arrêter. Au bout d'un certain temps, le motard précédent
fera demi-tour pour venir vous chercher. Ce type d'organisation est efficace,
chacun peut rouler à son rythme, mais en cas de problème
(panne par exemple), il fera perdre beaucoup de temps, car les motards
ayant dépassé le point où s'est produit le problème
auront peut-être énormément de kilomètres à
faire pour revenir, ce qui peut être très problématique
sur autoroute, surtout si personne n'a de téléphone portable.
Ce n'est donc pas une technique à recommander dans l'absolu. On
peut cependant se servir de la directive TDSRP pour que certains arsouilleurs
aient de temps en temps la possibilité de lâcher le reste
du groupe quand le poignet droit les démange.
On peut imaginer d'autres possibilités,
mais en général, le plus agréable est de rouler réellement
en groupe, donc "à vue". Quand le groupe est trop important
pour être gérable, il est préférable de le
scinder en deux ou plusieurs sous-groupes roulant à vue, avec des
points de rendez-vous prédéfinis, et au moins un téléphone
portable par sous-groupe. Chaque meneur de groupe doit alors connaître
parfaitement l'itinéraire et les points de rendez-vous. Dans ce
schéma, il n'est pas inutile de répartir aussi les secouristes
et les mécaniciens entre les différents sous-groupes, le
cas échéant. Le plus important étant de faire des
sous-groupes homogènes en termes de performances et de tempéraments
(on évitera de mettre un débutant en 125 dans le groupe
des pilotes professionnels en sportives full power ;-) ).
» C'est Tout ?
C'est à peu près
tout ce qu'il y a à savoir.
Pour le reste, c'est l'expérience qui
vous l'apprendra. Plus on roule en groupe, mieux on sait le faire. Alors
n'hésitez plus, partez faire des balades avec d'autres motards.
Contentez vous simplement de rouler tranquillement, sans jamais arsouiller,
du moins avant de connaître parfaitement vos compagnons de route
et vous être forgé de solides habitudes, fruits d'une longue
pratique de la conduite en groupe.
Georges, Jungle Biker
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