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Pas si douce que ça à vrai dire, elle a plutôt une réputation sulfureuse...
Après 2 ans en ER-6n (1ère version) et quelques joyeux 43 000 km à son guidon, il était temps de changer un peu d'air. Et quoi de mieux que passer à un gros bi italien ?
C'est chose faite, avec un Monster 900 IE dark. Enfin, dark... A l'origine. Entre temps, elle a reçu un réservoir jaune et a troqué ses caches et garde-boue en plastique pour leurs équivalents en carbone. Ca me déplaît pas, mais les pièces sont dans un état pas terrible, disons. Bien ternies par le temps... Mais un petit coup de polish devrait ramener ça nickel
Bref, passons, je vous présente donc Vespa. Bah oui, elle est jaune et noire, et vive, comme une guêpe. Donc rien à voir avec les scoot, mais si ça peut vous donner une base de chambrage, bah, faites-vous plaisir .
Que dire ? Je garderais bien le meilleur pour la fin, mais franchement, c'est dur de départager ce qui est le meilleur. Bref, on va commencer par ses petits défauts.
Autant le dire tout de suite, c'est pas une brêle docile. C'est d'autant plus vrai quand on descend d'un sushi, comme moi. Et encore, un sushi avec un peu de wasabi dessus, c'était un bi, quand même. Mais là, rien à voir. C'est râpeux, c'est difficile de rouler à faible allure, et jouer avec l'embrayage n'est ni facile (oui, l'embrayage est un poil dur, je confirme...) ni recommandé : ne baignant pas dans l'huile, moins on le fait cirer, mieux c'est. Donc rouler à 6 km/h, c'est pas spécialement agréable. Et puis ça cogne quand même pas mal à bas régime. Vu que c'est ma première Ducati, je ne sais pas trop encore si les bruits ou les vibrations que je perçois à si faible vitesse sont de l'ordre du normal ou pas (embrayage qui claque un peu ? Ou bien moteur qui cogne ? J'ai pas envie de me prendre un piston dans la tronche...). Bref, c'est galère.
Mais passé un certain régime, c'est que du bonheur. On y reviendra plus tard.
La position est loin d'être catastrophique, malgré les jambes tout de même très repliées, et le buste un peu en avant. C'est presque confortable, malgré la selle un peu dure elle aussi. Disons que dès que ça roule un peu, franchement, ça va. Le réservoir n'est absolument pas gênant, puisque très bas à la jonction avec la selle. L'ensemble selle / réservoir ne constitue donc pas un casse-noix, et c'est fort appréciable.
Oubliez aussi les aspects pratiques, à part le petit logement incrusté dans la selle pour y mettre la (ridicule) trousse à outils Ducati, et dans lequel on doit pouvoir faire rentrer un pantalon de pluie, il n'y a strictement rien. Nada. Reste ce grand réservoir métallique qui peut accueillir une sacoche de taille respectable, encore une fois sans gêner du fait de ce réservoir dont je suis décidément fan.
Je sais, on vous vous en foutez de tout ça, et moi aussi à vrai dire.
Allez, on la démarre ? Contact, point mort, on appuie sur le bouton rouge : tchik tchik BLOM BLOM Ptchiiiii. Merde, raté. Ah ben ouais, y'a un starter manuel. Année 2000 oblige. Bon, si on y regarde de plus près, c'est pas vraiment un starter, qui joue sur la richesse du mélange, mais un simple bidule qui ouvre les papillons, comme si on tournait un peu la poignée de gaz. Bref, un peu de starter, et ça va mieux : tchik tchik BROLOM BROLOM BROLOM (ajoutez un gling gling gling par-dessus ça...). Ca marche ! La paire de Termi inox nous fait déjà profiter d'un grognement grave, quelque peu impressionnant au début. Ouuuhhhh, ça vibre et gronde bien tout ça, je sens que ça va me plaire...
Le premier truc qui surprend, c'est l'embrayage, dur, qui contraste avec une boîte assez douce et silencieuse. J'étais habitué au gros "KLÔNK" de Kawette quand on passe la première, ben là, pour le coup, on entend tout juste un petit "cloung", bien moins effrayant.
On relâche l'embrayage, doucement, on accélère un peu plus copieusement que d'habitude manière de pas caler, et là, ça rappelle les cours de moto-école : l'impression que la moto se barre toute seule et nous entraîne. L'embrayage a une course de patinage plus faible en fait, associé à une première un peu longue (mais il faut ça, on risquerait de s'envoler sinon), ça donne cette sensation. Le premier coup de pied au cul en quelque sorte. Et ce n'est pas le dernier.
On accélère, et là, on commence à sentir le charme Ducati : ça grogne. Ca vibre, juste ce qu'il faut. Ca vit, quoi ! Et Dieu que c'est bon ! La boîte ne rechigne pas trop à la tâche, ça va.
Passé un bon moment de chauffe à rouler tranquille aux alentours de 3000-4000 tours/min (pas de sous-régime, elle n'aime pas ça et le fait savoir !), on sent une petite voix dans la tête qui dit : et si on ouvrait un peu ? Donc on obéit, on ouvre un peu plus, et là, waaaaaaaah. Ca propulse, ça tracte, utilisez les termes que vous voudrez, mon impression, c'est : coup de pied au cul, dès les bas régimes. Et ça continue, sans s'essouffler, enfin, du moins, j'ai pas encore osé tirer assez les rapports pour que ça s'essouffle.
En fait, la juste impression, c'est d'avoir une espèce d'aspirateur géant devant soi. C'est ça, on se sent comme aspiré, instantanément, dès qu'on ouvre cette sainte poignée.
Ouh pinaize, ça réagit bien ce moulin ! Et ce son... Envoûtant. On se surprend à sourire comme un idiot à chaque remise de gaz. Ce n'est pas qu'une légende : un moteur Ducati, c'est un moteur d'exception. On pourra trouver plus performant, plus fiable, plus ceci, plus cela, mais franchement... En termes de sensations, c'est inégalé pour moi. Même les Buell ne m'avaient pas autant charmé. Ptet le Café Racer Voxan parvient à concurrencer... A voir.
Et puis c'est doux. Pas d'à-coups, ça sautille pas à la moindre erreur de manipulation de la poignée de gaz, ça pousse, fort, quand on le demande, et ça roule gentiment quand on le souhaite.
On a vite fait de se retrouver à des vitesse prohibées tant ce twin est coupleux et emmène l'équipage loin et fort, mais franchement... Le plaisir est ailleurs. Je n'ai pas passé 7000 tours, et encore, je me suis forcé à aller si loin...
Honnêtement, ce moteur ne serait rien sans le cadre qui le maintient. Franchement, au début, j'avais un doute : un pneu triangulaire devant et carré derrière donnaient des sensation assez bizarres. Mais une fois chaussée de pneus neufs, elle a révélé son plein potentiel : comment dire ? C'est cohérent. C'est ça, cohérent. Ca tient méchamment le pavé, on a l'impression que la moto est scotchée au sol. Et pourtant, je n'ai pas mis des gommes ultra tendre racing machin chose. "Juste" des Dunlop RoadSmart. Mais le cadre et les suspensions en font usage à merveille. OK, c'est raide, on ressent bien les défauts de la route, mais justement : cette bécane excelle à ça : faire remonter les infos. Et les infos que je reçois, pour l'instant, quelque soit le revêtement, c'est : "je gère, pas de problème, mais fais gaffe, là y'a un trou, et puis là il y avait UN gravier, là, une bosse, un bout de goudron arraché". Tu es au courant de ce qui se passe, et c'est rassurant. La bécane reste en ligne, elle tient le cap d'une façon remarquable, et il n'y a pas de sensation de flou. Pareil à l'accélération, on peut ouvrir copieusement, la moto ne se désunit pas, on a vraiment l'impression que tout est d'un bloc, un bloc étudié pour fonctionner ensemble, un bloc cohérent. Mais qu'est-ce qui se passe si on freine sur l'angle ? Ben... Ca se passe bien, honnêtement. On sent qu'elle veut se redresser un peu, mais c'est gérable.
Pour comparaison, l'ER-6, dès que le revêtement se dégradait, avait une fâcheuse tendance à se déporter vers l'extérieur, et pareil pour le frein : élargissement garanti. Là, non. Tenue de cap, vous dis-je !
A propos de freins, ça donne quoi ? De toute façon, quand, au fur et à mesure du nettoyage, on voit le logo Brembo apparaître sur chaque élément du freinage (oui, elle était vraiment très sale : par exemple, l'étrier arrière était tellement noir qu'on ne voyait même plus la marque...), on se dit que ça doit pas être dégueulasse. Et on a bien raison ! Le tout début de la course du levier permet de freiner doucement sans se faire peur, puis l'attaque devient plus mordante passé cette zone, pour finir en un freinage carrément efficace quand on appuie un peu plus fort encore. Et ce, quelque soit la vitesse. Associez ça à un super frein moteur, et on se retrouve à se traîner en entrée de virage, ou bien à devoir remettre un peu de gaz pour aller s'arrêter au feu rouge.
Mais le vrai bonheur avec cette moto, c'est d'enrouler sur une petite route viroleuse, remettant du gaz copieusement, mais pas trop, bénéficier de ce couple camionesque en sortie de virage, et laissant faire le frein moteur en entrée du virage suivant, puis se délecter de la partie cycle décidément excellente pendant la courbe, et recommencer.
Pour faire bref, c'est vraiment un tout cohérent, plaisant et rassurant. Une moto qui a ses humeurs en ville, mais qui vous le rend bien dès que la route se dégage un peu.
Une moto caractérielle, mais pas ingrate, en somme.
(Je sais, les photos, tout ça... Bientôt )
EDIT : hop, des photos, enfin !
Sous tous les angles :
Et voilà, imaginez la merde que c'était : elle était toute pourrie comme les cache courroies, à peu près partout (guidon et tour de phare comme piqués d'oxydation, fourche recouverte presque entièrement d'insectes, cadre tout terne à cause de la poussière, réservoir pareil, sous la poussière et la crasse, jantes entièrement noires, et le moteur aussi a littéralement changé de couleur entre temps...) :
Par contre, autant j'ai pas mal réussi à rattraper les garde-boue et les cache latéraux en carbone, autant les cache-courroie, c'est pas glorieux comme vous pouvez le voir. Je ne sais pas si c'est la chaleur qui les a détériorés comme ça, mais c'est vraiment pas beau
Dernière édition par DJRidou le Ven 04 Mai 2012 10:54, édité 4 fois
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