Ayant fait hier mon 5.000ème kilomètre au guidon de Rantanplan, je crois que l'heure est venue de vous le présenter.

Je suis déjà l'heureux propriétaire d'une bien belle VFR (déjà présentée ici) qui ponctionne une grosse partie de mon budget et de mon attention. Rantanplan est donc une seconde bécane, à objectif purement loisir.

Il faut savoir que dans la moto, j'aime tout. La route, la piste, le hors-piste. J'aime me balader le nez au vent, j'aime aller vite, j'aime ne pas chercher des heures pour me garer... J'aime surtout la solidarité motarde, j'aime m'arrêter au bord de la route pour filer un coup de main à un inconnu, rigoler un bon coup avec des anonymes au troquet simplement parce que je suis arrivé avec un casque à la main...

Brefle, pour tout ça et pour tout le reste, j'adore la moto. Mais le truc qui me fait rêver par dessus tout, c'est les aventures à la mode Chevalier Noir. Partir faire des milliers de kilomètres, dans des pays inconnus, aller au devant de cultures différentes, se sentir libre d'aller où on veut, quand on veut, qu'il y ait une route ou non.

Et pour ça, il n'y a rien de mieux que le trail.

J'ai grandi avec dans la tête des images du Dakar, pas pour la course, mais pour l'homme seul avec sa machine au milieu d'un océan de sable et de soleil, vivant intensément chacune des expériences que lui offre la nature.

Pour cette raison, ma première vraie machine fut un XT600 Ténéré. Mais seuls les stickers qu'elle arborait avaient un petit goût de désert. Elle n'a jamais quitté la route, et n'a servi qu'à donner un peu de couleur à de mornes trajets boulot/dodo en banlieue parisienne.

J'étais trop timide pour oser vivre les aventures dont je rêvais.

Et à bientôt 40 ans, je dois dire que mes rêves étaient soigneusement enfouis au fond de ma tête, bien cachés sous la longue liste des choses que je n'oserais jamais faire. J'y repensais de temps en temps, avec la nostalgie qu'implique le début du renoncement.

Et puis il y a eu les MT.

Les MT tout court, d'abord, qui m'ont permis de rencontrer plein de gens, de voir plein de façons de vivre la moto... Et au milieu de ceux là, une petite bande d'allumés, les BB#. Ce n'est pas du cross, ce n'est pas de l'enduro, surtout pas de la compétition. C'est juste de la découverte.

De lire leurs récits sur le forum a ravivé chez moi cette petite flamme. Les envies que j'avais 20 ans en arrière m'ont repris à la gorge. Et si c'était possible ?

Ces petits jeunes, sans se poser de question, m'ont prouvé 2 choses :

- d'abord que l'aventure peut démarrer en bas de chez toi. Même si les destinations lointaines peuvent t'amener d'autres sensations, il y a déjà de quoi faire au coin de la rue.

- Ensuite, que le principal blocage, il est psychologique.

J'avoue que, tout seul dans mon coin, je n'aurais jamais tenté l'aventure. Mais les photos que je voyais m'empêchaient parfois de dormir tellement j'avais envie d'y être.

Entre l'envie et l'action, il y a parfois un gouffre. Pour être franc, une de mes principales flippes, c'est de tomber en rade. Etant une vraie quiche en mécanique, je me vois mal devoir ouvrir le moteur au milieu de la pampa.

Acheter une moto neuve, pour avoir moins de risques de panne, était exclu pour des raisons budgétaires. Et avec une moto ayant déjà 50.000 bornes, je n'aurais pas suffisamment confiance...

Tout ça jusqu'au jour où notre photographe me parle d'un XT600 à pas cher, dispo chez Technibike. Mieux, c'est la moto du papa de Nico. Déjà, ça me met sérieusement en confiance. Je vais la voir. Je la trouve toute petite, un peu vieillotte. Ca dépasse mon budget de quelques dizaines d'euros... Mais en la regardant, je vois dans ma tête les photos de nos crotteux sur le forum, et je me dis que je pourrais essayer d'être sur les prochaines. Je craque, je sors le carnet de chèque...

C'est un XT600 3TB de 93, bleu et mauve (). Il a presque 43.000 kilomètres, et des Michelin T63 tout neufs (mes premières tétines !). Je fais un tour avec, et, descendant du VFR, j'ai l'impression d'être sur un vélo. Ca vibre, ça fait poum-poum, ça guidonne à 90, et ça s'époumonne à 110.

Au début, je me demande un peu si j'ai pas foutu 1.500 roros par la fenêtre, parce que je me sens moyennement à l'aise sur ce tréteau.

On est en Avril, et la première BB# arrive.

Mon principal souvenir de cette sortie sera que, pour répondre à mes craintes, je suis tombé en panne à moins de 100 km du départ. Je peux dire que j'étais dans mes petits souliers.

Mais heureusement, je n'étais pas seul. Les crotteux étaient avec moi. Pas beaucoup plus forts que moi en mécanique () mais avec beaucoup moins d'appréhension. Du coup, après diverses manipulations, la moto est repartie, affublée de son nouveau surnom : Rantanplan.

Depuis, j'ai découvert un peu la mécanique, en équipant la moto. J'ai fait plusieurs autres BB#, qui m'ont permis de faire connaissance avec la moto, de me sentir à mon aise à son guidon, même quand la roue arrière est bloquée, ou que je tombe sur un faux point mort entre la 4 et la 5.

Mais surtout, j'ai plein d'obstacles qui se sont ecroulés dans ma tête.

Je n'ai plus peur d'être en panne au milieu de nulle part.

Je n'ai plus peur de devoir négocier avec quelqu'un qui ne parle pas la même la langue que moi.

Je n'ai plus peur de partir sans savoir où je vais, qui je vais rencontrer ou le temps qu'il va faire.

J'ai juste une énorme envie de faire des kilomètres, de voir des paysages, de rencontrer des gens, et de passer un maximum de temps avec cette bande de crotteux qui m'ont fait découvrir une vie différente, celle dont je rêvais.

Tout ça grâce à Rantanplan ! Alors je peux vous dire que maintenant, et même si il y a plein de choses à lui reprocher, je l'aime cette meule !

Elle affiche maintenant 48.503 kilomètres. Elle a un look ... particulier . Elle dépasse pas le 110 sur la route, et a du mal à grimper les côtes avec un pilote de 95 kg dessus. Elle manque un peu de canassons. Mais m'en fout ! J'ai qu'à maigrir si je veux aller plus vite . Parce qu'elle est au top ! On a passé 2 jours en tête à tête dans le désert de Monegros depuis, et je sais maintenant qu'avec elle, la seule limite, c'est son pilote !

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Joli texte pour jolies impressions.
C'est sympa de voir qu'à tous âges la moto procure de nombreux plaisirs, souvent différents mais tellement complémentaires.
Je te souhaite, Cédric, de vivre aussi longtemps que possible ce goût d'évasion...

chouette bécane et tu semble tellement à l'aise dessus...

pour le mauve, non, elle est bleue, c'est tout non???

pour le 110, j'ai noté quelques pointe à 123 en rentrant hier (non les donneurs de leçons, c'était sur autobeurk)

encore de nombreux milliers de kilomètre à vous deux

J'ai refait tous les calculs. Ils confirment l'opinion des spécialistes: notre idée est irréalisable.
Il ne nous reste qu'une chose à faire: la réaliser

Pierre-Georges LATECOERE

P.clown a écrit:

pour le mauve, non, elle est bleue, c'est tout non???

J'ai viré tous les stickers bizarres qu'il y avait dessus (verts et mauves)

P.clown a écrit:

pour le 110, j'ai noté quelques pointe à 123

Ah ça, par contre, c'est l'avantage des 95kg dans les descentes

Merci à vous deux en tout cas.

Merci pour ton temoignage et les photos superbes.
C'est genial de voir que l' moto n'est finalement que l'aboutissement de rencontres et le declancheur d'experience.
On est loin du "Les commandes tombent naturellement sous la main... a haute vitesse on sent fort la pression du vent mais c'est normal pour un roadster... on deplorera l'absence de poignees passager... la tableau de bord offre a present au conducteur le rapport engagé, et donne enfin l'heure..." et c'est tant mieux!

Le Chevalier Noir

Merci à toi Chevalier, parce que mine de rien, si aujourd'hui je réclame de partir vers l'inconnu au lieu de l'appréhender, c'est aussi en partie grâce à tes interventions sur le forum. Si aujourd'hui, je pars en me disant qu'une galère sera une occasion nouvelle de rencontrer des gens et de se faire des souvenirs, c'est aussi en partie grâce à la lecture de ton blog.

Mes aventures sont encore bien "banales" à côté de ce que tu nous retraces. Mais j'en vis chaque seconde avec la plus grande intensité. Et surtout, j'ai aujourd'hui ce sentiment que je pourrais partir n'importe où, n'importe quand, comme un déclic qui s'est fait dans ma tête et qui m'a libéré de plein de contraintes sociales encombrantes autant qu'inutiles.

La seule chose qui me manque aujourd'hui, c'est de trouver un moyen pour faire partager ça à mes 3 princesses. Mais j'ai quelques idées sur la question . Encore quelques mois de patience...