Et voici, avec 48 heures de retard, le CR :
Corneille aurait écrit :
"Nous partîmes à dix motos, mais par un prompt renfort nous nous vîmes plus de quinze en quittant Villefranche."
Mais je le mets au défi de trouver une rime en "anche", et tout de suite il fait moins le malin, pas ? Passons.
Aux alentours de 13h, le premier groupe est réuni dans un petit restaurant diététique, fruit de l'import d'une gastronomie que l'on dit être d'outre-atlantique alors qu'elle est souhaitée étrangère même là-bas (c'est clair, là ?). C'est autour d'une tasse d'un breuvage noir apprécié pour ses vertus excitantes, surtout lorsqu'on le partage en communauté, que sont donnés les conseils de roulage en groupe aux nioubis (au nioubi en fait, puisque les autres nouveaux venus chez les MT ont déjà de la bouteille). Puis le départ est lancé, et la mise en pratique des conseils sus-cités suit immédiatement en remontant la rue principale de Ramonville. Peu de circulation en ce dimanche, mais est-ce une raison pour se fader de la nationale ? Twinette n'en semble pas convaincue puisqu'elle quitte résolument le grand axe pour nous entraîner sur la route qui serpente sur les crêtes. Rythme tranquille (comprendre : les chevronnés chauffent leurs pneus et le nioubi* donne presque tout ce qu'il a), ça serpente agréablement, sans pièges sournois, et la vue parfois dégagée entre les arbres ne manque pas de beauté. Ca se termine par un petit passage sur une voie plus large aux courbes moins serrées et les avions en profitent pour se lâcher un peu ; et c'est comme ça qu'on arrive au second point de rendez-vous, où nous attend le reste de l'équipe, ainsi que le très remarqué nouveau jouet de Cricri.
Pause clop/hydratation achevée, et c'est au son d'une symphonie pour bielles et pistons que nous ouvrons la première page du road-book. Sortis de Villefranche, les virages promis sont au rendez-vous, et le rythme monte sensiblement, mais conformément à l'esprit de la ballade reste dans les limites des "newbie capacities". D'ailleurs, le paysage magnifique force à rendre la poignée pour en profiter plus longtemps, quand en émergeant des talus on peut voir un champ éolien en arrière-plan d'un village perché sur sa colline, et de l'autre côté la chaîne des Pyrénées. C'est peu de temps après que la première étape se termine dans un petit coin de paradis, Roumens, un village paisible dont la place centrale est entourée de platanes et bordée sur un côté par un bassin (mais qui sont donc ces gens qui nous observent fixement depuis l'angle de cette place ? A voir comme ils sont pétrifiés de stupeur, ça doit être la première fois qu'ils voient des motos ? Quand même pas, si ? Ah bah non, en fait ce sont des nains de jardin qui n'ont de nain que le nom ! Original comme déco). Le temps pour Cricri de régler sa suspension et quelques photos, et c'est reparti pour la seconde partie de cette étape, tout aussi agréable que la première.
La suite c'est dans la montagne, où l'on passe du mode [virage - courbe - virage] à [bout droit - épingle - bout droit], où le nioubi exécute sa première trajectoire vraiment foirée, mais qui lui a donné l'occasion d'observer la calandre d'un 4x4 sous un angle inhabituel (le genre d'esthétique qui fait sérieusement considérer les avantages du tout-droit-dans-les-sapins). Encore un petit foirage à l'épingle suivante, mais sans 4x4 en face cette fois, ce qui lui libère l'esprit d'un souçi irritant et lui permet de prendre note de ce qu'il serait bon de faire au prochain virage qui arrive, 'tention, là, c'est passé ! Bon, c'est comme ça qu'il faut faire alors, cool, il a trouvé. C'est au moment où il commence à se détendre sur cette considération rassurante qu'un boulet de canon bleu le double avec une aisance qui eut été vexante en d'autres circonstances. Preuve est faite que le jouet de Cricri n'est pas seulement remarqué, mais également remarquable, les plaques de gravier tout les dix mètres ne semblent pas le perturber et il disparait dans le virage suivant sans même donner l'impression de remarquer que ça tourne. Le nioubi se dit qu'il faudra décidément essayer le gromono, un jour. Pour l'instant, heureusement qu'on atteint le sommet du plateau, les nerfs sont tendus : entre l'ombre des arbres qui masque les aspérités de la route, le gravier de tous les côtés, les virages zéro-visibilité, les plaques de goudron fondu, le nioubi n'est pas loin d'arriver au bout de ce qu'il peut endurer. Le lac de Lampy n'est plus très loin maintenant, et il ne faut plus que quelques jongleries entre les voitures garées à l'arrache et les piétons inattentifs pour finir l'étape. Ah, et puis un peu de sueur pour garer les bécanes sur un terrain mou en pente.
Là, l'eau du lac, bah elle fait grave du bien, juste la bonne température ! Le seul détail un peu ch***t, ce sont les cailloux au fond, c'est pavé au silex taillé ou quoi ? Bah, il suffit de lever les jambes, en fait ! Après nos albutions, séchage et direction le bistrot du coin. Là-dessus, l'album photo vous en dira plus que moi ; mais c'est un bon petit moment qui permet de ramasser les restes d'endurance et d'énergie qui vont être nécessaires pour la suite.
La suite, c'est après être redescendus du plateau par une voie bien tortueuse, à l'issue de laquelle on entre dans Ze Spéciale, treize kilomètres de billard dont probablement pas plus de cinq cent mètres droits. Les gars qui ont dessiné cette route devaient être bourrés... On ne parlera jamais assez des -rares- effets bénéfiques de l'alcool ! C'est le moment de lâcher les bourrins, et le nioubi se dit que c'était quand même bien pratique d'avoir le feu arrière de Twinette pour le guider ; mais maintenant, il est temps de voir ce qu'il vaut par lui-même. Le verdict vient sans attendre : vingt km/h de moins. Eh oui, c'est pas évident de se placer comme il faut quand personne n'ouvre la voie ! Mais derrière lui, Dan sur sa BM est une présence rassurante, et c'est sans stresser qu'il peut enchaîner les virages de la spéciale. Quand même, treize kilomètres, ça passe trop vite quand on s'amuse à ce point !
La dernière étape est plus paisible, sur une petite route qui tournicote à travers la campagne, et se termine à côté de Villefranche. Moins nombreux qu'au départ, certains nous ayant lachement abandonnés en cours de route, mais on ne leur en voudra pas ! Il y a un bar juste en face de nous, la cricri's family semble y être connue ? Nous y allons, et autour de verres hautement bienfaisants, nous pouvons débriefer la journée en laissant une saine fatigue relacher nos petits muscles qui ont bien travaillé. bon, faut quand même pas se laisser endormir, y'a encore de la route avant de rentrer chacun chez soi ! Mais cette route-là, elle sera paisible, limite TLB, mais y'a pas de honte après une journée comme ça !
*: moi-même, donc
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